IMPRESSIONNISME et MACCHIAIOLI

 

Ci-contre: Claude Monet- "Nymphéas" (1903), collection privée

Vers 1862 de jeunes peintres jugent l’art sclérosé par les règles trop rigides enseignées aux Beaux-Arts et s’associent à Paris autour de Claude Monet. Beaucoup de leurs oeuvres se signalent par une apparence de travail hâtif, inachevé, donnant une impression de jaillissement spontané dont s'offusquèrent les critiques. Malgré des tempéraments et des idées relativement diversifiés, tous ces peintres partageaient une même aspiration à davantage de naturalisme. La peinture d'atelier leur paraissait dénuée de naturel, du fait que le monde réel se trouve dehors : c'est là qu'ils voulurent peindre, en s'efforçant de capter les effets fluctuants de la lumière et de donner corps aux impressions fugitives de l'instant qui passe. Ils observent Paris et ses faubourgs, posent leur chevalet en Normandie et en Ile-de-France sur les bords de la Seine, à la campagne et au bord de la mer.

Refusés aux Salons Officiels et traités de «barbouilleurs», les artistes vivent dans la misère et cherchent à se faire connaître par des expositions privées. En 1863 fut organisé Le Salon des Refusés pour accueillir plus de 4'000 tableaux qui avaient été refusés par l’intransigeant jury du Salon officiel. De nombreux peintres qui ne répondaient pas aux critères du conformisme académique purent ainsi y exposer leurs œuvres, en particulier Monet, Manet, Cézanne et Whistler. Le Salon des Refusés accueillit plus de 7'000 visiteurs le jour de son ouverture, mais fut boudé par la plus grande partie de la critique. Il incita les artistes à organiser leurs propres expositions et inspira la fondation, en 1884, du Salon des Indépendants.

Le terme impressionnisme fut créé au moment de la première exposition de ce groupe en 1874 à Paris, boulevard des Capucines, dans les ateliers du photographe Félix Nadar. A cette occasion le journaliste Louis Leroy donne naissance au terme «impressionnisme» en ironisant sur le titre du fameux tableau de Claude Monet Impression, soleil levant dont il dit notamment : «un papier mural, même en ébauche, est mieux finit». Bien que ce terme eût été employé par dérision, le groupe le reprit à son compte et l’adopta définitivement.

Malgré l’hostilité générale, Emile Zola et le marchand de tableaux Paul Durand-Ruel soutiennent la peinture impressionniste tournée vers un monde paisible dans lequel n’apparaissent pas les difficultés sociales, politiques et économiques de l’époque.

 

CARACTÉRISTIQUES :

Des innovations dans le matériel du peintre favorisent le travail à l’extérieur : le chevalet léger et la couleur en tube de zinc facilitent en effet le transport. Le peintre choisit chez le marchand de couleurs des toiles de petites dimensions déjà apprêtées et peint rapidement plusieurs tableaux à la suite, pour matérialiser les sensations éphémères qu’il perçoit. Les titres des œuvres précisent un lieu, une saison ou une heure du jour. Captivés par le mouvement, la nature et la modernité, ils peignent le cheval, le chemin de fer, les ponts, les barques, les voiliers, les drapeaux, les danseuses, la fumée, le ciel, les nuages, l’eau et ses reflets. La composition, réduite à quelques plans superposés, donne l’impression que le paysage bascule au premier plan.

Ci-contre: Auguste Renoir "Le Déjeuner des canotiers" (1881), The Phillips collection, Washington

Pour traduire la sensation naturelle du plein air, les impressionnistes utilisent les couleurs spectrales du soleil, soit les couleurs primaires (bleu, jaune, rouge) et leurs complémentaires (orange, violet et vert) ainsi que le blanc. Peintres de la lumière, ils excluent les gris et les noirs, et substituent au clair-obscur traditionnel le jeu des reflets qui transforment les tons réels et colorent les ombres. Pour conserver la force des couleurs et suggérer l’éclat vibrant du soleil, les impressionnistes n’opèrent pas de mélange sur la palette et fractionnent les tons clairs et francs sur la toile. Les couleurs des fondent à distance dans l’œil du spectateur. Monet affectionne l’accord du rouge et du vert et Van Gogh (voir post-impressionniste) celui du bleu et de l’orange. La forme se confond avec le coup de pinceau : les touches horizontales suggèrent le clapotis des flots, une série de bâtonnets les brins d’herbe et les frottis un frisson dans les feuillages. L’exécution rapide et fragmentée diversifie les effets de matière, la touche peut être fluide, empâtée et granuleuse au sein du même tableau.

Parallèlement à l’impressionnisme, on retrouve en Italie les macchiaioli (tachistes), nom qui définit le style d’un groupe de peintres florentins actifs entre 1860 et la fin du siècle. S’opposant à l’académisme, les macchiaioli peignent la vie contemporaine, la campagne le paysage et des scènes militaires d’après nature. Les contrastes lumineux violents et l’opposition franche des noirs et des blancs conservent aux formes leur densité et créent l’aspect de taches. Le travail fragmenté et rapide du pinceau saisit l’immédiateté de la vision.

 

ARTISTES :