RENAISSANCE

 

Ci-contre : Raffaello - "Madonna Sistina" (1513-1514), Gemäldegalerie à Dresde

Le terme Renaissance s'applique à une période de rénovation culturelle, s'étendant sur trois siècles. La peinture de la Renaissance vit le jour en Italie à la fin du 13ème siècle, et son influence se répandit rapidement dans toute l’Europe, atteignant son apogée à la fin du 15ème siècle. Les artistes de la Renaissance se voulaient les héritiers de la grande tradition gréco-romaine antique, concept qui venait de Giotto. Par la spiritualité «héroïque» de sa vision, Giotto appartient à l’ère gothique, mais son sens du réalisme et ses figures denses annoncent déjà la Renaissance. Giotto montrait comment la vision artistique pouvait englober la nouvelle et passionnante approche de l’humanisme et du classicisme, qui tous deux allaient prendre une formidable importance pour les artistes de la Renaissance. Avec l’Antiquité pour modèle et Giotto comme guide, les peintres du début de la Renaissance italienne entrèrent dans une nouvelle phase de la représentation picturale, basée sur la réalité de l’existence humaine. La recherche d´une précision scientifique et d´un plus grand réalisme atteint son apogée, en un équilibre et une harmonie superbes, avec Leonardo Da Vinci, Michelangelo et Raffaello.

 

MASACCIO ET FIRENZE


Bien évidemment, le passage du Gothique à la Renaissance ne se fit pas en une nuit. Il peut paraître surprenant, cependant, de constater que le premier grand peintre italien qui suivit Giotto (mort en 1337) ne vint au monde qu’en 1401 et ne commença à peindre qu’un siècle environ après la mort de Giotto. Cette coupure s’explique parfaitement par la peste noire qui fit rage au 14ème siècle, atteignant d’abord l’Italie en 1347, puis se répandant dans toute l’Europe au cours des quatres années suivantes. Les conséquences en furent immenses et, outre l’importante perte humaine, la société médiévale subit de grands changements. La révolution artistique dans le Nord, aux Pays Bas, engageait la peinture dans de nouvelles directions, par son naturalisme toujours plus grand, ses thèmes profanes et la maîtrise de sa technique. Au sud, Giotto paraissait n’avoir jamais existé.

Miraculeusement jaillit une nouvelle source, avec la naissance du peintre florentin Masaccio, fondateur révolutionnaire de la peinture Renaissance. Parmi les peintres italiens, il est le seul qui comprit réellement ce que Giotto avait commencé et le rendit accessible à tous ceux qui allaient suivre. Ci-contre : Masaccio, fresque de la Chapelle Brancacci, Eglise du Carmine, Firenze

Masaccio, qui mourut à l’âge de 27 ans, restera éternellement jeune, mais son art reflète une étonnante maturité, véritable héritier de l’humanisme et de la profondeur spatiale de Giotto.

 

L'APOGÉE DE LA RENAISSANCE

Renaissance signifiant «nouvelle naissance», elle se devait d’évoluer. Un nouveau-né grandit toujours, mais jamais croissance ne fut plus belle que celle de la peinture à l’apogée de la Renaissance, appelée aussi Renaissance classique. Nous y rencontrons les plus grands artistes de tous les temps : les deux géants florentins Leonardo da Vinci et Michelangelo, l’Ombrien Raffaello et le Vénitien Tiziano. Par un curieux hasard, un thème commun relie la vie de ces quatre peintres. Chacun d’eux commença sa carrière artistique en étant apprenti chez un peintre déjà renommé, et chacun d’eux suivit la même voie en acceptant tout d’abord, puis en transcendant l’influence de son premier maître.

Leonardo Da Vinci (1452 – 1519) :

Le premier d’entre eux, Leonardo da Vinci, est l’aîné des maîtres florentins. Il fut l’élève d’Andrea del Verrochio, peintre attachant, renommé surtout pour sa sculpture. Aucun autre artiste ne mérite plus justement et sans aucune réserve le titre de génie que Leonardo, qui connut un succès universel. Fils illégitime d’un notaire de la petite ville de Vinci, en Toscane, il fut cependant reconnu par son père, qui paya ses études, mais nous pouvons nous demander si son indépendance d’esprit n’est pas due à l’ambiguïté de son statut de bâtard. Esprit universel absolu, la nature avait déversé sur lui presque trop de largesses, dont une remarquable beauté, une voix splendide, un corps superbe, le génie mathématique, l’audace scientifique… la liste est infinie. Ci-contre : Leonardo Da Vinci - "St-Jean-Baptiste" (v.1513-1516) Le Louvre, Paris

Michelangelo (1475 – 1564) :

Michelangelo résista d’abord au pinceau, jurant avec sa véhémence caractéristique que son seul outil était le ciseau : il se voulait avant tout sculpteur. Citoyen aisé de Florence, de petite aristocratie, il refusait par nature toute contrainte extérieure. Seul le pape, tyrannique de par sa position et son caractère, put le forcer à accomplir la plus grande fresque du monde dans la chapelle Sixtine.

Il eut également un grand maître florentin, Domenico Ghirlandaio, bien qu’il affirma plus tard qu’il n’avait jamais eu de maître, ce qui, au sens figuré, est significatif. Aucun artiste ne fut si impressionnant : par l’étendue de son imagination, par sa connaissance du sens spirituel de la beauté. Pour lui, la beauté était divine, l’instrument de Dieu pour communiquer avec l’humanité. Ci-contre : Michelangelo - "Jeremiah" (1511), Chapelle Sixtine, Vatican

 

Raffaello (1483 – 1520) :

Après les personnalités si complexes de Leonardo Da Vinci et Michelangelo, abordons celle, infiniment plus simple de Raffaello, génie tout aussi grand, mais dont les voies quotidiennes étaient celles des autres hommes. Né dans le petit centre artistique d’Urbino, il débuta dans l’atelier de son père avant de travailler pour le Pérugin, qui était un artiste talentueux. Mais alors que Leonardo et Michelangelo dépassèrent rapidement leurs maîtres, qui ne les influencèrent que peu, le talent de Raffaello se précisa dès ses débuts et il assimila très naturellement toutes les ingluences. Il s’emparait de tout ce qu’il voyait, et nourrissait son art de tout ce qu’on lui enseignait. Il mourut jeune, mais il fut un de ces génies qui évoluent et se développent continuellement. Il avait une extraordinaire aptitude à réagir à chaque influence du monde artistique en l’intégrant dans son œuvre. Ci-contre : Raffaello - "Sanzio Madonna col bambino", Galleria Pallatina

Tiziano (1488 – 1576) :

Tiziano, successeur de Giorgione, devait avoir l’une des vies les plus longues de l’histoire de l’art. Il fut l’un de ces rares et talentueux artistes qui évoluèrent à chaque étape, atteignant dans leur vieillesse l’apogée de leur art : le jeune Tiziano est déjà merveilleux, le Tiziano âgé incomparable. Avant de travailler avec Giorgione, Tiziano passa quelque temps dans l’atelier de Giovanni Bellini.

Dans l’œuvre de Tiziano, nous trouvons cette liberté qui annonce l’art moderne. Contrairement à ses prédécesseurs, qui apprenaient aussi bien la gravure, la sculpture, l’orfèvrerie et autres artisanats, il consacra toute son énergie à la peinture, annonçant en cela le peintre moderne. Ci-contre : Tiziano - "Flora" (1515) , Galerie Uffizi, Firenze

 

CARACTÉRISTIQUES :

Les artistes de la Renaissance décorent les murs à fresque, utilisant le panneau de bois et la toile pour la peinture de chevalet. La toile se généralise à Venise dès 1520. Les œuvres du Quattrocento (soit du15ème siècle) sont souvent réalisées à la tempera (détrempe à base d’œuf). Le procédé flamand à l’huile, diffusé en Italie par Antonello de Messine et les peintres vénitiens, offre de nouvelles possibilités dans la seconde moitié du 15ème siècle. L’art profane, destiné à la gloire des princes et des cités, se développe. Le culte de l’humain s’exprime dans le portrait, les sujets allégoriques et l’histoire. L’art religieux s’enrichit de nouveaux thèmes dans lesquels les peintres déploient leur imagination. La figure de Dieu s’humanise, le choix des sujets porte sur l’Incarnation, la vie et la mort de Jésus ; la Vierge serre tendrement l’Enfant Jésus comme une jeune mère. L’Antiquité gréco-romaine lègue à la Renaissance les sujets mythologiques et le nu.

La représentation de la réalité devient rationnelle à Florence au 15ème siècle avec la perspective linéaire. A partir d’un point de fuite placé à l’horizon dans le tableau, l’artiste trace des lignes de fuite jusqu’aux bords inférieurs, souvent soulignées par une connaissance mathématique des proportions et de la science des raccourcis, les peintres installent les personnages et les motifs à l’échelle selon l’éloignement. Le système illusionniste requiert une connaissance théorique de l’anatomie, une maîtrise parfaite du dessin pour définir les formes et réaliser les détails : voiles transparents, broderies, tissus, fleurs etc…

La lumière uniforme et claire traduit un espace abstrait au Quattrocento ; sa source artificielle provient de la partie supérieure droite et permet la mise en volume par le chiaroscuro. Des effets d’ombre et de lumière plus contrastés au Cinquecento estompent les contours et créent un modelé illusionniste, dont le sfumato de Leonardo da Vinci montre l’effet extrême.

Les couleurs, mates au 14ème siècle, se fondent ensuite grâce à la technique à l’huile qui permet aussi de traduire l’éloignement par la dégradation des tons et des contours (perspective atmosphérique). Ces innovations s’exacerbent ponctuellement au 15ème siècle. Les artistes de la Renaissance recherchent moins le réalisme que la beauté et l’harmonie. Ils créent à partir de l’observation de la nature, mais ne l’imitent pas. L’étude de la civilisation gréco-romaine guide les artistes vers un idéal de perfection. La philosophie fournit le type humain idéal dans ses proportions, sa musculature, l’ovale parfait du visage, le nez droit, le front triangulaire, l’expression mesurée et l’équilibre dynamique du corps par le hanchement. Ce modèle débouche sur la pureté classique de Raffaello au Cinquecento.

ARTISTES :